2009 – Démo

Essai
Paroles : Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal Musique : Jacques Favreau et Samantha Duchemin Interprétation et direction artistique : Samantha Duchemin Guitare acoustique : Jacques Favreau Harmonica et guitare : François Cyr

9 septembre 2009 / Auberge Île du repos (Québec). Lancement-spectacle DEMO
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Enregistré en studio
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CXV SISINA
Imaginez Diane en galant équipage, Parcourant les forêts ou battant les halliers, Cheveux et gorge au vent, s’enivrant de tapage, Superbe et défiant les meilleurs cavaliers ! Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage, Excitant à l’assaut un peuple sans souliers, La joue et l’œil en feu, jouant son personnage, Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers ? Telle la Sisina ! Mais la douce guerrière A l’âme charitable autant que meurtrière ; Son courage, affolé de poudre et de tambours, Devant les suppliants sait mettre bas les armes, Et son cœur, ravagé par la flamme, a toujours, Pour qui s’en montre digne, un réservoir de larmes.
XVII LA FIN DE LA JOURNÉE
Sous une lumière blafarde Court, danse et se tord sans raison La Vie, impudente et criarde. Aussi, sitôt qu’à l’horizon La nuit voluptueuse monte, Apaisant tout, même la faim, Effaçant tout, même la honte, Le Poëte se dit : « Enfin ! Mon esprit, comme mes vertèbres, Invoque ardemment le repos ; Le cœur plein de songes funèbres, Je vais me coucher sur le dos Et me rouler dans vos rideaux, Ô rafraîchissantes ténèbres ! »
X L'ENNEMI
Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve, Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? — Ô douleur! ô douleur! Le Temps mange la vie, Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le cœur Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
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XCIX LA MORT DES PAUVRES
C’est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre ; C’est le but de la vie, et c’est le seul espoir Qui, comme un élixir, nous monte et nous enivre, Et nous donne le cœur de marcher jusqu’au soir ; A travers la tempête, et la neige, et le givre, C’est la clarté vibrante à notre horizon noir ; C’est l’auberge fameuse inscrite sur le livre, Où l’on pourra manger, et dormir, et s’asseoir ; C’est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques Le sommeil et le don des rêves extatiques, Et qui refait le lit des gens pauvres et nus ; C’est la gloire des Dieux, c’est le grenier mystique, C’est la bourse du pauvre et sa patrie antique, C’est le portique ouvert sur les Cieux inconnus !
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Tous droits réservés © 2009 MADRIGALJAM
Enregistré en studio